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Observatoire Régional des Risques Majeurs en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Feux de forêts

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Feu de forêt dans le massif de Beaumes-de-Venise le 17 août 2021 – source © SDIS 84
=> Feu de forêt dans le massif de Beaumes-de-Venise le 17 août 2021 (source © SDIS 84)

Le Sud-Est de la France est particulièrement impacté par le risque « feu de forêt ».  Les incendies, qui se produisent régulièrement, menacent des vies humaines et détruisent plusieurs centaines d'hectares de végétations. Ce sont en moyenne 15 000 à 20 000 hectares par an d'espaces naturels qui partent en fumée en France, dont les trois quarts dans les quinze départements de l'arc méditerranéen. Les incendies survenus pendant l'été 2022 ont particulièrement impacté la région Nouvelle-Aquitaine au niveau de la forêt des Landes et de Gironde  en brûlant plus de 20 000 hectares.

 

 

Définition du phénomène

Lorsqu’un incendie atteint une formation forestière (organisée ou spontanée) ou des zones boisées (garrigues, friches et maquis) dont la surface, d’un seul tenant, est supérieure à un hectare, ce phénomène naturel est qualifié de « feu de forêt ».

Pour qu’un feu de forêt se déclenche, il est nécessaire que trois facteurs soient concomitants, on parle alors du triangle du feu qui est composé :

  • d'un combustible : végétation forestière ou zone boisée). Le risque est également lié à l’état de la forêt (sécheresse et entretien…) et à la nature des essences végétales (pins sylvestre, cyprès, cistes de Montpellier et bruyères figurant parmi les essences les plus sensibles…) ;

  • d'un comburant : l’oxygène de l’air. Le vent active la combustion, accélère la propagation, dessèche le sol et les végétaux. Il est imprévisible car sa vitesse et sa direction varient en fonction du relief et des conditions météorologiques ;

  • d'une énergie d’activation  : source de chaleur (flamme, mégot), étincelle, arc électrique, rayonnement thermique.

=> Schéma de principe du triangle du feu (source © DREAL PACA)
=> Schéma de principe du triangle du feu (source © DREAL PACA)
Comment les feux de forêt se déclenchent-ils ?

Au niveau de la France métropolitaine, 90 % des départs de feux sont d’origine humaine, ils sont qualifiés d’« anthropiques ». Les travaux agricoles et forestiers représentent 40 % des causes humaines. L’imprudence des particuliers ou les accidents sont également des causes fréquentes (un tiers des causes), dont la plupart sont liées à l’emploi du feu (brûlage des déchets verts, barbecue), au jet de mégots de cigarettes ou aux dépôts d’ordures ménagères. La malveillance et la pyromanie, qui représentent environ 15 % des causes identifiées, génèrent le plus souvent les feux les plus virulents car ils apparaissent souvent en été lorsqu’il y a du mistral et un sol sec.

Certains départements de la région sont plus exposés que d’autres car ils présentent une surface forestière importante et aussi de nombreuses constructions à proximité augmentant le risque. C’est le cas des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes et du Var (cf. tableau surface .

La propagation d’un incendie de forêt dépend de plusieurs facteurs :

  • espèces végétales présentes et densification de celles-ci ;

  • implantation géographique et exposition au vent ;

  • nombre de constructions présentes dans les interfaces « zones urbaines et forêts ».

=> Surface boisée par département (source © IGN, inventaire forestier de 2020)
Territoire
Surface boisée (km²)
Taux de boisement (%)
Alpes-de-Haute-Provence
3 400
49
Hautes-Alpes
1 887
34
Alpes-Maritimes
2 248
52
Bouches-du-Rhône
1 084
21
Var
3 482
58
Vaucluse
1 316
37
Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA)
16 070
51

 

=> les Bases de données sur les incendies de forêt

La base Prométhée est une application de saisie des données sur les incendies impactant l’arc méditerranéen. Elle dresse un bilan historique et statistique des incendies de forêt survenues depuis 1973.

Elle est désormais intégrée dans la base de données sur les incendies de forêt en France (BDIFF) => lien site internet (https://bdiff.agriculture.gouv.fr/).

Les informations enregistrées sont gérées et vérifiées par les partenaires suivants :

  • Ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer (MIOM) ;
  • Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA) ;
  • Institut National de l’Information Géographique et Forestière (IGN) ;
  • Délégation à la Protection de la Forêt Méditerranéenne (DPFM).

Depuis 2000 en région PACA, pas moins de 874 km² de forêts sont parties en fumée avec des disparités suivant les départements impactés :

=> Tableau des surfaces de forêts brûlées depuis 2000 en PACA (source © Base Prométhée)
Territoire
Surface brûlée (km²)
Alpes-de-Haute-Provence
89,65
Hautes-Alpes
9,99
Alpes-Maritimes
109,41
Bouches-du-Rhône
253,77
Var
382,27
Vaucluse
29,27
Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA)
874,36

 

Évaluation de l'aléa

Cette évaluation permet de caractériser une forêt ou une zone boisée du point de vue de sa capacité à résister aux conséquences d’un incendie. Il s’agit de mesurer la morphologie du massif ou de la zone boisée, de connaître la composition de la végétation et de déterminer la probabilité de déclenchement d’un feu.

=> Trois types de feu

Un feu de forêt peut prendre différentes formes selon les caractéristiques de la végétation et les conditions climatiques dans lesquelles il se développe :

  • les feux de sol brûlent la matière organique contenue dans la litière, l’humus ou les tourbières. Alimentés par incandescence avec la combustion, leur vitesse de propagation s’avère faible ;

  • les feux de surface brûlent les strates basses de la végétation, c’est-à-dire la partie supérieure de la litière, la strate herbacée et les ligneux bas. Ils se propagent en général par rayonnement et affectent la garrigue ou les landes ;

  • les feux de cimes brûlent la partie supérieure des arbres (ligneux hauts) et forment une couronne de feu. Ils libèrent en général de grandes quantités d’énergie et leur vitesse de propagation est très élevée. Ils sont d’autant plus intenses et difficiles à contrôler que le vent est fort et le combustible sec.

=> Les différents types de feu de forêt (source © MEDD / DPPR)
=> Les différents types de feu de forêt (source © MEDD / DPPR)
=> les facteurs de déclenchement

Deux types de facteurs conditionnement le déclenchement des incendies de forêt.

  • les facteurs naturels sont liés à la foudre qui provoque environ 10 % des départs d’incendie ;
  • les facteurs anthropiques, que sont les causes accidentelles, l’imprudence, les travaux agricoles et forestiers, la malveillance et les loisirs, conduisent au déclenchement de 9 feux sur 10.

=> les facteurs favorisant la propagation d’un feu de forêt

La propagation d’un feu de forêt est essentiellement favorisée par des facteurs naturels :

  • aux conditions du milieu à savoir les conditions météorologiques auxquelles le site sensible est exposé ; les vents forts et la chaleur conduisent à un dessèchement des végétaux ;

  • à l’état de la végétation en fonction de sa teneur en eau, de l’entretien général du massif, de la disposition des strates arborées et des essences d’arbres présentes ;

  • à l’existence de zone de relief dont les irrégularités favorisent la propagation du feu.

=> Exemples de propagation d’un feu de forêt – source © MEDD / DPPR
=> Exemples de propagation d’un feu de forêt – source © MEDD / DPPR
=> les essences d’arbres

On distingue :

  • les pyrophiles sont très sensibles au feu ; il s’agit, par exemple, du pin sylvestre, de la bruyère, ou du ciste de Montpellier ;

  • les pyrorésistantes, comme leur nom l’indique ; résistent mieux aux incendies et peuvent protéger les pyrophiles à proximité ; il s’agit, par exemple, de la bruyère arborescente, du pin d’Alep, du chêne vert, du chêne liège, de l’olivier ou du châtaigner.

Évaluation du risque

Par ses effets, le feu est un agent de destruction aussi bien pour les hommes et leurs activités, que pour l’environnement.

=> Les atteintes aux hommes, aux biens et aux activités

Parmi les hommes, les plus touchés sont les sapeurs-pompiers, qui payent parfois un lourd tribut en protégeant les forêts et les populations exposées aux incendies. Leur travail est d’ailleurs efficace puisqu’on déplore rarement, en France, de victimes de feux de forêt parmi la population. Les habitations, et plus particulièrement celles implantées dans les zones forestières, présentent une forte sensibilité aux feux. La destruction de zones d’activités économiques et industrielles, ainsi que des réseaux de communication, entraîne généralement un coût important et des pertes d’exploitation.

=> Les atteintes à l’environnement

L’impact d’un feu de forêt sur la faune et la flore est lié à son intensité et à l’intérêt biologique que présentent les espèces concernées. Un incendie a des conséquences immédiates (modification du paysage, disparition d’animaux ou végétaux, parfois appartenant à des espèces rares), mais également à plus long terme, si l’on considère les temps nécessaires à la reconstitution des biotopes.

Parmi la faune, les reptiles et animaux rampants sont les plus touchés, car ils ne peuvent fuir les flammes comme les oiseaux et le gibier. Les conséquences sur les sols sont déterminées par la quantité d’humidité qu’ils contiennent et la présence de matières organiques.

Ils peuvent être affectés par une perte d’éléments minéraux comme l’azote, mais le principal problème est la dégradation de la couverture végétale. Elle peut être à l’origine d’un accroissement du ruissellement, d’où un risque d’érosion important. Enfin les paysages subissent d’importantes modifications, soit par l’absence de végétation, soit par la présence de nombreux arbres calcinés.

Le reboisement permet de cicatriser un paysage en reconstituant des masses vertes, mais les ambiances originelles des forêts sont très difficiles à restaurer.

Prévention du risque

Les incendies de forêt menacent la population, les biens privés, les infrastructures et le patrimoine collectif ou privé que représentent les espaces naturels. Ils sont donc très coûteux en termes d’impact humain, économique, matériel et plus particulièrement environnemental. Ils peuvent malheureusement faire des victimes notamment parmi les sapeurs-pompiers.

En entraînant la disparition de la couverture végétale, les feux de forêt aggravent les phénomènes d’érosion et de ruissellement. Les sols dénudés ne sont plus capables de supporter les crues ou de retenir les matériaux transportés par les torrents, d’où un risque supplémentaire pour les hommes et leurs biens. La destruction conséquente des paysages et du patrimoine naturel entraîne des pertes économiques difficilement chiffrables. La prévention des feux de forêts constitue donc une nécessaire contrainte pour l’aménagement du territoire.

Les actions de prévention sont assurées par plusieurs acteurs locaux et régionaux. Il s’agit de :

  • sous le contrôle de la Préfecture, Directions Départementales des Territoires et de la Mer (DDT-M), du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) de l’Office national des Forêts (ONF), de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et des Services de Météorologie ;

  • De la Délégation à la Protection de la Forêt Méditerranéenne : sous l’autorité d’un Préfet délégué, elle est chargée de répartir entre les départements méditerranéens les crédits d’Etat consacrés au « Conservatoire de la Forêt Méditerranéenne » ;

  • De l’Entente Interdépartementale en vue de la Protection de la Forêt contre l’Incendie : cet établissement public regroupe les élus et les administrations concernés pour les 15 départements du Sud-Est de la France. Au titre de la prévention, elle a pour objectif principal d’informer le grand public et les élus ;

  • De la Direction Régionale de l'Environnement (DREAL) qui coordonne, au travers des services départementaux (DDT-M), l’instruction des PPRIF (Plans de Prévention du Risque d’Incendie de Forêt) et leur apporte un appui méthodologique.

 

=> Lien entre risque et aménagement du territoire

La maîtrise de l’urbanisation s’exprime au travers des Plans de Préventions des risques feux de forêt dits « PPRif » prescrits et élaborés par les services de l’État pour le compte du Préfet de département. Dans les zones exposées au risque feu de forêt, le règlement du PPR recommande par exemple l’utilisation de matériaux ayant une certaine résistance au feu, préconise les conditions de respect des règles d’urbanisme et indique les règles en matière d’obligation légale de débroussaillement dans un rayon de 200 m autour des bâtiments et des voiries.

Le porter-à-connaissance (PAC), au sens de l’article L121-2 du code l’urbanisme, est une obligation située en amont de la démarche de planification. Par son biais, les services de l’État rappellent les dispositions législatives, réglementaires et les servitudes en vigueur. Ils communiquent les documents techniques ou études participant à la connaissance des phénomènes.

Dans le cadre de la conception des plans intercommunaux de débroussaillement et d’aménagement forestier (PIDAF), des aménagements sont réalisés par les collectivités territoriales dans le but de cloisonner les massifs et réduire, de fait, le risque de propagation du feu. Cela se traduit également par la création de coupures de combustibles et par un entretien des massifs forestiers.

 

=> Maîtrise ou non du risque feu de forêt dans les interfaces habitat / forêt (source © MEDD / DPPR)
=> Maîtrise ou non du risque feu de forêt dans les interfaces habitat / forêt (source © MEDD / DPPR)

Protection contre le risque (Défendabilité)

Lors des périodes estivales, des mesures de surveillance et de prévention sont quotidiennement mises en œuvre par les autorités (SDIS, DDT-M, ONF, Services Prévision de Météo France). Le SDIS élabore chaque été un « ordre d’opérations feux de forêts » qui précise les objectifs de surveillance et de lutte. Il prévoit notamment l’îlotage du territoire sensible par des patrouilles forestières, des guets aériens et terrestres (vigies) en fonction du niveau de risque, la disponibilité d’avions ou d’hélicoptères bombardiers d’eau et le positionnement de véhicules de lutte terrestre en des points stratégiques. Ces opérations assurent la défendabilité de la forêt face à un incendie de forêt.

Cette protection est assurée par les mesures collectives de réduction de la vulnérabilité aux incendies de forêt. Elle se traduit, du point de vue législatif, par l’article L. 133 – 2 du nouveau code forestier qui prévoit la mise en place d’un Plan Départemental de Protection des Forêts contre les Incendies (PDPFCI) dans les départements particulièrement exposés au risque d’incendie de forêt.

=> Contenu du PDPFCI

Le PDPFCI comprend en général un volet état des lieux et diagnostic ainsi qu’une liste des actions de prévention arrêtées par le préfet (carte d’aléas, analyses statistiques des feux, zones prioritaires pour les Plans de Prévention des Risques Incendies de Forêts – PPRIF ou les « Porter à Connaissance » – PAC). Il est complété par une analyse stratégique par massifs forestiers, permettant de hiérarchiser et planifier les équipements de Défense des Forêts Contre les Incendies (DFCI) : pistes, points d’eau, vigies... Il intègre également des mesures de prévention telles que le brûlage dirigé ou le débroussaillement le long des voies ouvertes à la circulation publique.

Il est possible de consulter le PDPFCI sur le site de la préfecture de chaque département concerné.

La défense de la forêt contre l’incendie (DFCI, pilotée par le ministère en charge de l’agriculture) qui repose sur une politique globale d’aménagement et d’entretien de l’espace rural et forestier. Elle met en œuvre les outils de programmation, d’aménagement et d’entretien des massifs, issus du code forestier notamment les plans de protection de la forêt contre l’incendie (PPFCI) souvent établis à l’échelle du département et les plans de massifs qui sont la déclinaison par massif du PPFCI.