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Observatoire Régional des Risques Majeurs en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Submersions marines et tsunamis

Les submersions marines impactent fréquemment les littoraux avec parfois des dégâts humains et économiques considérables (Xynthia). En région PACA, ils affectent régulièrement les points bas du littoral, en particulier la Camargue (1982, 1997), le tombolo de Giens (1994, 2003) et le littoral des Alpes-Maritimes en particulier entre Antibes et Nice (2010, 2011). L’élévation du niveau de ma mer en lien avec le réchauffement climatique, va aggraver la récurrence de ces phénomènes au cours du prochain siècle.

Bien que souvent évoqués, les tsunamis sont rares sur le littoral de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur.  Ils peuvent être provoqués par deux phénomènes : les séismes et les glissements de terrains. Pour s’en protéger au mieux, il est nécessaire d’évaluer la hauteur des vagues possibles et disposer de moyens d’alerte. Les tsunamis de l’ouest de la Méditerranée ne sont pas comparables à ceux observés dans les océans Pacifique et Indien, bien qu’ils restent dangereux et puissent se produire à tout instant. Les connaissances actuelles amènent à penser qu’un tsunami d’origine sismique générerait sur les côtes françaises des vagues d’un à deux mètres. Le temps d’arrivée de ces vagues sur la côte sera court, entre 5 et 30 minutes.

Submersions marines

Définition du phénomène

Qu'est-ce que la submersion marine ?

La submersion marine est une inondation temporaire de la zone côtière par la mer dans des conditions météorologiques et marégraphiques sévères. Les submersions envahissent généralement les terrains situés en dessous du niveau des plus hautes mers mais atteignent aussi parfois des altitudes supérieures si des projections d’eaux marines franchissent des ouvrages de protection et/ou la crête des cordons littoraux.

Elles peuvent se produire lorsqu’il y a :

  • rupture d’un cordon sédimentaire (plage, dunes, cordon de galets) suite à une forte érosion ;
  • débordement ou rupture de digues et d'ouvrages de protection ;
  • franchissements exceptionnels de ces ouvrages par des « paquets de mer ».

Les franchissements des ouvrages par les paquets de mer peuvent s’accompagner sur les plages de galets de projections en arrière plage de volumes très importants de galets ayant un fort impact destructif.

L'inondation par submersion marine © Agence française pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018
L'inondation par submersion marine © Agence française pour la biodiversité / Réalisation Matthieu Nivesse (d'après OIEau), 2018
Typologie des submersions marines : franchissement, débordement, rupture d’ouvrage © BRGM
Typologie des submersions marines : franchissement, débordement, rupture d’ouvrage © BRGM
Processus physiques en action lors d’une tempête : agitation et surélévation du plan d‘eau © BRGM
Processus physiques en action lors d’une tempête : agitation et surélévation du plan d‘eau © BRGM

Quels processus physiques ?

Les processus physiques mis en jeu lors des phénomènes de tempêtes sont liés principalement à l’action de la pression atmosphérique et du vent sur le plan d’eau :

  • la chute de la pression atmosphérique entraine une surélévation du niveau du plan d’eau. C’est le phénomène de baromètre inverse.
  • le vent a un double effet sur le plan d’eau :
    • il est à l’origine de l’agitation du plan d’eau et de la formation des vagues dont les caractéristiques, hauteur, période, secteur de provenance, sont directement liées à celles du vent et au fetch* du bassin maritime ;
    • il exerce une contrainte à la surface de l’eau en générant une modification du niveau du plan d’eau statique (surcote ou décote) et des courants ;
  • les vagues, générées au large par le vent, se propagent vers la côte et déferlent. Elles transfèrent alors leur énergie sur la colonne d’eau, ce qui provoque une surélévation moyenne du niveau de la mer (le « wave set-up », ou set-up, ou surcote liée aux vagues) pouvant s’élever à plusieurs dizaines de centimètres ;
  • la marée, peu importante dans le contexte méditerranéen, avec un marnage pouvant atteindre environ 0,5 m au maximum, se cumule en période de tempête à la surcote, favorisant ainsi la pénétration des eaux marines sur les terres émergées.
  • Le phénomène de « surcote atmosphérique » ou « surcote de tempête » est l’addition de l’effet de baromètre inverse et de l’élévation du niveau du plan d’eau sous l’effet du vent. Ainsi, lors d’une tempête, le niveau moyen de la mer résulte de l’addition de la surcote atmosphérique et du set-up.
  • Le niveau maximal atteint par la mer est défini en tenant compte du « jet-de-rive » (swash). On appelle run-up, l’altitude maximale atteint par le jet-de-rive sur la côte.

C’est la détermination de l’ensemble de ces composantes (marée, surcote, set-up, run-up), et leur addition qui permet de calculer les niveaux de référence du niveau marin pour la caractérisation d’un aléa « submersion marine » pour une période de retour et une échéance donnée.

Les méthodologies de caractérisation de l’aléa différent en fonction de la typologie des phénomènes de submersion marine, de l’emprise de la zone d’étude, et du niveau de résolution attendu au niveau cartographique.

* Fetch : distance en mer ou sur un plan d'eau au-dessus de laquelle souffle un vent donné sans rencontrer d'obstacle

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Définition et explication du phénomène de submersion marine, en Nouvelle-Aquitaine © Observatoire de la Côte Aquitaine

Evaluation de l'aléa

L’aléa submersion marine est la probabilité d’occurrence d’inondation par la mer de la zone côtière. Le niveau d’intensité des vagues, le niveau marin, l’élévation attendue de celui-ci avec le changement climatique, sont les forçages principaux à déterminer pour son évaluation.

Quel est le principe général de l'évaluation de cet aléa ?

L’évaluation de l’aléa submersion marine sur un territoire est une démarche de détermination de l’exposition des zones littorales, généralement des côtes basses sableuses, à un évènement de submersion se produisant lors d’une tempête d’origine marine, avec une forte agitation du plan d’eau. Cet évènement est défini par ses caractéristiques propres (caractéristiques de la houle, hauteur, période, longueur d’onde, vitesses des vents, niveau de la marée, etc…) et par sa probabilité d’occurrence (période de retour).

Les valeurs de ces différents paramètres sont déterminées par des analyses statistiques des différents forçages en fonction des données disponibles, en particulier les séries temporelles des vagues.

Prise en compte du changement climatique

Pour évaluer l’aléa submersion marine dans une situation future, la cote altimétrique du niveau marin moyen actuel est surélevée d’une composante « élévation future du niveau marin », liée au réchauffement climatique global, dont l’amplitude varie en fonction de l’échéance retenue et les différentes hypothèses de vitesse de remontée du niveau marin.

Au niveau national, en raison de la dynamique importante des recherches portants sur ce sujet, l’ONERC* (MEDDE) a publié en 2010 une synthèse des études issues du 4e rapport du GIEC* (2007) pour établir des scénarios d’élévation du niveau de la mer à différentes échéances temporelles. Ainsi, les valeurs d'élévation sont de :

  • + 20 cm pour la situation actuelle ;
  • + 60 cm pour la situation à échéance 2100.

Ces valeurs sont reprises dans le guide d'élaboration des Plans de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) pour les cartographies des aléas à échéance 2100 (MEDDE, 2014).

* Observatoire National des Effets du Réchauffement Climatique. Direction Générale de l’Energie et du Climat. Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie

* Groupe d’experts Inter-gouvernemental d’Etude du Climat

Principe de cartographie des zones soumises à la submersion marine dans les Plans de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) et dans le cadre de la mise en place de la Directive Inondation sur les Territoires à Risques d’Inondation (TRI) © MEDDE, 2014
Principe de cartographie des zones soumises à la submersion marine dans les Plans de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) et dans le cadre de la mise en place de la Directive Inondation sur les Territoires à Risques d’Inondation (TRI) © MEDDE, 2014
Légende
Elévation du niveau de la mer (BRGM, 2015)

Quelles sont les différentes méthodes d'évaluation de l'aléa ?

Projection cartographique de l’aléa submersion sur les zones terrestres

Une fois le niveau de référence déterminé pour un secteur littoral, ce niveau est comparé à la topographie locale, et les zones situées en-dessous du niveau de référence sont alors considérées comme inondables par submersion marine. Les ouvrages sont donc intrinsèquement considérés comme défaillants.

Cette projection à l’infini de la submersion marine ne tient pas compte des processus dynamiques de propagation des écoulements et des effets des ouvrages qui peuvent les contrôler, mais elle présente l’avantage de pouvoir être employée sur de larges territoires.

Cette méthodologie a été employée pour l’établissement des cartographies de l’aléa submersion marine sur les Territoires à Risques d’Inondation (TRI) en zone côtière définis lors de l’application de la Directive Inondation établie par les services de l’Etat.

La modélisation haute-résolution

Sur des territoires d’ampleur plus restreinte, des méthodes de modélisation numérique à haute-résolution (1-2 m) peuvent être mises en place. Il s’agit dans ce cas de simuler au cours de la durée d’une tempête, la propagation de la submersion sur les surfaces terrestres, de manière dynamique (vague à vague).

Cette méthode, très coûteuse en temps de calcul, permet de mieux définir les zones qui seront affectées par la mer et de mieux contraindre leur extension en prenant les effets des éléments du bâti et de l’occupation du sol sur la propagation des écoulements. Elle nécessite en revanche des données précises en termes de topographie et des scénarios de simulation bien définis en termes de forçages hydrométéorologiques (vagues, niveau marin, pression, vents, etc…). Des scénarios de rupture de cordon ou de défaillance d’ouvrages localisés peuvent également être pris en compte par modification des données topographiques initiales.

Articles de synthèse d'études réalisées

Caractérisation de l'aléa submersion marine sur le périmètre régional (2017)

Pour affiner la compréhension des dynamiques de submersion sur la partie rocheuse du littoral de la région PACA, la DREAL PACA a produit en 2017 ce document sur l’aléa submersion marine sur le périmètre régional du littoral rocheux à l'exclusion de la Camargue. Ces données pourront alimenter toute démarche relative à ce risque dont les Plans d'Actions pour la Prévention des Inondations (PAPI) et les Stratégies Locales de Gestion des Risques d’Inondations (SLGRI) des Territoires à Risques Importants d’Inondation (TRI) en matière d’amélioration de la connaissance du risque.

Cette étude réalisée par le BRGM a été commandée par la DREAL PACA, en collaboration avec les trois DDTM littorales. L’objectif est de produire une cartographie homogène des zones soumises à l’aléa submersion marine sur l’ensemble du littoral allant de Fos-sur-Mer à la frontière italienne.

La méthodologie retenue consiste à calculer les niveaux d’eaux à la côte atteints par la mer par une approche probabiliste en déterminant les évènements en fonction de leur période de retour, et ce pour chaque « unité homogène » du littoral, comme par exemple les plages, les grandes baies ou les cellules sédimentaires.

Une cartographie des zones potentiellement affectées par un aléa de submersion marine pour diverses situations de référence :

  • une situation d'occurrence centennale, avec une élévation de + 0,20 m du niveau marin, dite "situation actuelle" ;
  • une situation d'occurrence centennale, avec une élévation de + 0,60 m du niveau marin, dite "situation 2100" en cohérence avec les recommandations de l'ONERC.

Au niveau régional et pour chaque département, est fourni un atlas cartographique des zones soumises à un aléa submersion marine à l’échelle 1/25 000e (« situation actuelle » et « situation 2100 »). Cet atlas comporte :

  • des cartes de hauteur de submersion marine avec 3 classes d’aléa (faible, moyen, fort) ;
  • des cartes de niveau marin de référence.

Pour plus d'informations, vous pouvez écrire à cette adresse : mathieu.lubrano@developpement-durable.gouv.fr

Evaluation du risque

L'évaluation du risque submersion marine est présentée à travers deux projets :

  • un premier projet d'étude des phénomènes de submersion marine du littoral camarguais, dans la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer ;
  • un second projet de modélisation de la submersion marine sur la plaine du Ceinturon, dans la commune d'Hyères-les-Palmiers.

Etude des phénomènes de submersion marine du littoral camarguais (Saintes-Maries-de-la-Mer, 13)

Menée entre 2001 et 2004 dans le cadre du IVe Contrat de Plan État Région, cette étude avait pour objectif de localiser les secteurs sensibles au phénomène de submersion marine sur la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer et de déterminer les causes de ce phénomène. La finalité du projet est de fournir une aide à la décision et à la définition de priorités d’actions sur le littoral de la commune.

Elle a été réalisée en partenariat technique et financier entre le Conseil Régional de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la DREAL et le BRGM. Cette étude a bénéficié en outre de l'appui scientifique et technique du CEREGE, du CNRS (UMR 6635), et de Météo France DIRSE (Direction Interrégionale Sud-Est).

Dans la première partie de l’étude, un état des lieux des connaissances et des principales études disponibles sur la zone du projet a été réalisé. Toutes les données susceptibles d'être utilisées au cours du projet ont été recensées.

La dynamique sédimentaire a pu être caractérisée à partir de l’interprétation de l’évolution du trait de côte sur la zone d’étude depuis 1895. L’évolution du trait de côte avait été déterminée à partir des photographies aériennes.

Un inventaire et un état des lieux des aménagements de protection du littoral contre l’érosion et la submersion marine ont été réalisés.

Afin de prévenir les situations de surcotes, un modèle a été développé. Six situations de surcotes réelles ont été modélisées. La corrélation entre les surcotes modélisées et réelles a été jugée satisfaisante pour de la prévision.

Des entretiens ont été réalisés auprès de certains responsables (maires, directeur de parc naturel, de réserve naturelle, directeur des Salins du Midi) afin de cerner leur point de vue quant au risque de submersion du littoral et de mettre en avant les enjeux menacés.

Bilan de l'intérêt de cette étude
Apports en terme de connaissance des risques Apports en terme de gestion du risque et d’aménagement
Hiérarchisation du risque submersion du littoral de la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer Proposition de solutions générales envisageables pour le contrôle de l’érosion du littoral
Etat des lieux de la connaissance des problématiques liées au risque de submersion marine Préconisations d’aménagements par secteur et d’actions sur les apports solides du Petit Rhône

 

Carte du risque submersion marine sur la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer
Carte du risque submersion marine sur la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer

Modélisation de la submersion marine sur la plaine du Ceinturon (Hyères-les-Palmiers, 83)

Une méthode de modélisation numérique à haute-résolution (de 1 à 5 m) a été mise en place pour mener à bien cette étude. Elle permet de mieux définir les zones qui seront affectées par la mer et de mieux contraindre leur extension en prenant les effets des éléments du bâti et de l’occupation du sol sur la propagation des écoulements.

Cette méthodologie a été employée dans le cadre des réflexions de la Ville d’Hyères initiées dans l’Appel à Projet du MEDDE « Expérimentation de la relocalisation des activités et des biens : recomposition spatiale des territoires menacés par les risques littoraux ». La modélisation numérique de la submersion marine développée par le BRGM a pour objectif de fournir des éléments de réflexion et d’anticipation aux démarches engagées par la ville d’Hyères sur la plaine du Ceinturon.

Les objectifs sont de produire des cartographies des zones exposées à l’aléa submersion marine et des éléments de connaissance utiles à une analyse coûts/bénéfices (ACB) pour différents scénarios d’aménagement de la zone littorale. Les risques de submersion marine ont ainsi été évalués pour plusieurs scénarios, définis en fonction de la période de retour des évènements et de l’échéance temporelle de réflexion (TR 30 ans à 2030 ; TR 30 ans à 2100 ; TR 50 ans à 2100 ; TR 100 ans à 2100).

Simulation de validation sur l’évènement réel de décembre 2008 sur le quartier de l’Ayguade. Les fléches jaunes correspondent au franchissements observés © BRGM, 2014
Simulation de validation sur l’évènement réel de décembre 2008 sur le quartier de l’Ayguade. Les fléches jaunes correspondent au franchissements observés © BRGM, 2014

Tsunamis

Définition du phénomène

Qu'est-ce qu'un tsunami ?

Le mot « tsunami » est issu du japonais « tsu » qui veut dire  « port » et nami qui veut dire « vague », « vague de port ». Il s’agit donc d’une onde qui se propage dans un contexte aquatique (océan ou mer), provoquée par le brusque mouvement d'un grand volume d'eau. Le mot tsunami a été officialisé en 1963, plutôt que le terme de « raz-de-marée » pour éviter l'association fausse avec les marées.

Ce mouvement peut être dû à un séisme, une éruption volcanique sous-marine de type explosive ou à un glissement de terrain sous-marin de grande ampleur. Un tsunami n'est en aucun cas, la conséquence d'éléments à caractère météorologiques (vents, ...).

La problématique des tsunamis du bassin méditerranéen occidental est particulière : l’ampleur et la fréquence de ces tsunamis sont plus faibles que dans le Pacifique (ordre de grandeur sur la côte de l’ordre de 2 mètres), mais le temps de réaction nécessaire est beaucoup plus court (30 minutes au maximum). Le temps de retour des tsunamis provoqués par les séismes en Méditerranée occidentale a été estimé à 10 000 ans environ sur chaque structure sismogénique majeure.

Les principaux séismes tsunamigènes en Atlantique nord-est et Méditerranée occidentale © CEA
Les principaux séismes tsunamigènes en Atlantique nord-est et Méditerranée occidentale © CEA
Formation d'un tsunami d'origine sismique © Nature/USGS
Formation d'un tsunami d'origine sismique © Nature/USGS

Quelle est l'origine des tsunamis ?

L’intensité et la fréquence des tsunamis susceptibles d’atteindre le littoral de la métropole française sont bien inférieures à celles des tsunamis observés au niveau des océans Pacifique et Indien. Cependant le risque existe.

Concernant la côte de la métropole française, les tsunamis peuvent être provoqués soit par :

  • des séismes (rupture de faille localisée au niveau de la mer Ligure ou de la marge maghrébine),
  • des effondrements gravitaires sous-marins ou côtiers.

Les observations historiques des phénomènes ainsi que les connaissances actuelles de l’aléa « tsunami », obtenues par simulations numériques, indiquent la possibilité de vagues près du rivage jusqu’à 1 m à 2 m d’amplitude, avec un temps d’arrivée variable à la côte de l’onde tsunamigène :

  • Pour les tsunamis d’origine sismique :
    • quelques minutes seulement pour des évènements provoqués par des séismes localisés en mer de Ligurie,
    • plus ou moins une heure pour des séismes localisés au large de la côte nord-africaine.
  • Pour les tsunamis d’origine gravitaire, le temps de propagation peut être de moins de une minute à quelques dizaines de minutes selon la distance entre la côte et le mouvement de terrain. La période de retour d’un tsunami de telle ampleur est estimée de l’ordre de plusieurs dizaines à quelques centaines d’années.
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Formation d'un tsunami d'origine sismique, animation réalisée par la NOAA

Evaluation de l'aléa

Aujourd’hui, l’étude du risque "tsunami" et donc de l'aléa tsunami est devenue une préoccupation récurrente pour les zones littorales fortement fréquentées et ce, même pour les régions, a priori les moins exposées au phénomène. Dans ce cadre, une base de données historiques sur les tsunamis ayant pu toucher les côtes françaises, a été développée (BRGM), et en parallèle, des méthodes et des simulations de tsunamis pour des évènements majeurs plausibles sismiques ou gravitaires ont été élaborées. Elles ont démontré que le sud de la France est exposé à un risque de tsunami d’intensité faible à moyenne.

Références historiques

La majorité des tsunamis observés au niveau de la façade française de la Méditerranée sont encore d’origine méconnue. Quelques glissements sous-marins sont cependant bien identifiés comme celui de 1979 à Nice ou comme celui de 1564 à Antibes et Villefranche-sur-Mer, ce dernier ayant été déclenché par un séisme dont l’épicentre (Intensité VIII MSK) était situé à 40 kilomètres à l’intérieur des terres.

D’autres tsunamis de la côte méditerranéenne ont une origine sismique certaine, comme celui de 1887 largement ressenti sur la Côte d’Azur, ou ceux de 1819 et 1831 limités, semble-t-il, à la proximité des côtes françaises (San Remo).

Les scénarios

Avec le catalogue des tsunamis historiques, la simulation d’évènements tsunamigènes, historiques ou fictifs constitue un préalable indispensable à l’évaluation de l’aléa.

En effet, à partir de scénarios choisis pour leur caractère majorant vis-à-vis des côtes étudiées, les simulations permettent de disposer d’éléments généraux sur le niveau d’exposition potentielle des côtes et d’appréhender l’incidence et la forme sous laquelle les tsunamis peuvent se présenter en atteignant le littoral.

Plus d’une vingtaine de simulations sur des grilles de faible résolution (mailles de 2250 m à 750 m de côté) ont été dans un premier temps réalisées. Elles se réfèrent soit à des évènements historiques soit à des évènements fictifs.

Résultats des simulations

Pour la façade méditerranéenne française, l’analyse des tsunamis historiques et les simulations d’évènements tsunamigéniques majeurs indiquent une hauteur maximale du niveau d’eau généralement inférieure à 4 mètres. Il s’agit donc de tsunamis d’intensité faible à moyenne, c’est-à-dire inférieur au degré 4 de l’échelle Sieberg modifiée par Ambraseys (1962) ou d’intensité VI de l’échelle de Papadopoulos et Fokaefs (2005).

Synthèse des résultats des scénarios de tsunamis en Méditerranée © BRGM (Terrier et al., 2007)
Synthèse des résultats des scénarios de tsunamis en Méditerranée © BRGM (Terrier et al., 2007)

Evaluation du risque

A partir des scénarios de tsunamis simulés permettant de disposer d’éléments généraux sur le niveau d’exposition potentielle des côtes, donc d'évaluer l'aléa, il est ensuite nécessaire de prendre en compte les enjeux et d'évaluer les dommages potentiels afin d'aboutir à la quantification du risque tsunami.

Le projet de recherche RATCOM a permis de fixer les principes d’évaluation de la vulnérabilité et des calculs de dommages et préjudices humains pour des tsunamis modérés (Monfort & al., 2010).

Choix et cartographie des enjeux

Le choix des enjeux tient compte de l’analyse en retour des tsunamis de moyenne intensité et du contexte socio-économique (densité humaine très élevée pendant les périodes touristiques). Les enjeux considérés sont :

  • La densité de population par quartier et en fonction des différentes époques de l’année (hiver, été) et de la journée (nuit, après-midi) ;
  • Les campings ;
  • Les parkings souterrains (nombre de niveaux et de places) ;
  • Les ports de plaisance ou de pêche (nombre d’amarres) ;
  • Les axes de communication (routes et voies ferrées) ;
  • Les bâtiments situés en front de mer (emprise au sol et type de bâti).

Evaluation de la vulnérabilité des enjeux

Population située à l’extérieur des bâtiments

L’évaluation de la vulnérabilité humaine dépend schématiquement de la capacité des personnes à se défendre (via notamment sa capacité à se déplacer) ou à résister à une inondation.

L’inondation peut être caractérisée suivant différents facteurs physiques tels que la durée de submersion, la hauteur d’eau, la direction et la vitesse du courant, la charge solide transportée.

Population située à l’intérieur des bâtiments

L’analyse en retour des évènements historiques et contemporains montrent que hors tsunami généré par un séisme proche (vibration fortement ressentie) dans tous les cas, il vaut mieux être dedans (hors sous-sol) que dehors. La démarche d’évaluation de la vulnérabilité des personnes situées à l’intérieur des bâtiments et exposées à la seule agression du tsunami, et dépendante du type de bâti (4 types), sa localisation et de sa capacité à résister au flux qui les submerge.

Vulnérabilité des zones portuaires

Lors d’un tsunami modéré, parmi les biens les plus endommagés, ce sont les bateaux amarrés dans les ports. L’estimation des dommages s’appuie sur des analyses en retour de tsunamis ou raz-de-marée en Méditerranée, tel que celui de Boumerdès (2003) avec les dommages dans les ports des îles des Baléares. Très généralement, on observe des dégâts beaucoup plus importants pour les petites embarcations (pêche, loisir) que pour les grands navires. Concernant les petits bateaux, le risque pour les personnes qui logent dans les bateaux sera directement lié à celui des embarcations.

Matrices d’exposition de la population aux tsunamis (projet RATCOM) © BRGM
Matrices d’exposition de la population aux tsunamis (projet RATCOM) © BRGM
Cartes des résultats de simulation du scénario de tsunami de type Nice 1979 © BRGM
Cartes des résultats de simulation du scénario de tsunami de type Nice 1979 © BRGM

Application à un scénario type Tsunami 1979 à Nice

La méthode d’évaluation de la vulnérabilité a été testée avec une application sur la Côte d’Azur, avec un évènement type glissement de Nice 1979 et quatre scénarios temporels : mi-janvier 2012, 2h et 15h ; mi-août 2012, 2h et 15h. Les paramètres du glissement retenus pour la simulation sont tirés des travaux de Silva Jacinto et Meyniel (2010).

La simulation numérique de la génération et la propagation du tsunami a été effectuée avec le code GEOWAVE (Watts et al., 2003). Puis, afin de modéliser au mieux la submersion à terre en milieu urbanisé (prise en compte du bâti et des ouvrages côtiers), un couplage a été développé entre les codes GEOWAVE et SURFWB (Marche et al., 2007).

Simulation du tsunami

Les élévations maximales de la surface libre atteintes sur l’ensemble de la période de 20 minutes simulées indiquent l’importance particulière qu’a pu prendre le tsunami au niveau d’Antibes. La simulation indique par ailleurs qu’au niveau du port de la Salis, l’arrivée du tsunami se traduit par un très léger creux, un peu plus de 5 minutes après le glissement de l’aéroport (moins de 5 cm, imperceptible pour les témoins). Les vitesses maximales simulées atteintes par le flux et le reflux (norme et direction) indiquent très généralement des valeurs supérieures à 3m/s à proximité du rivage.

Evaluation des dommages

En 1979, la zone la plus impactée par le tsunami était le littoral d’Antibes, avec le décès d’une personne qui se trouvait dans la cave de sa maison localisée près de la plage de la Salis. Dans la même zone d’Antibes, la vague avait envahi une rue et emporté une douzaine de voitures. Le journal local parlait d’une centaine de bâtiments impactés par le flot et d’une trentaine de blessés. Cet évènement est survenu le 16 octobre en début d’après-midi, il y a près de 30 ans.

A partir des résultats de la simulation du tsunami type 1979, le calcul de dommages a été réalisé selon les principes d’évaluation de la vulnérabilité exposés précédemment et grâce à l’outil de simulation de scénario de risque BRICE@brgm (Sedan, 2012). Le scénario a tenu compte de la répartition et typologie actuelle du bâti, ainsi que de densité de population, hors saison et en saison touristique, 30 ans après l’évènement de 1979.

Dommages au bâti

Voici les niveaux d’exposition des bâtiments du quartier de la salis (Antibes) simulés, sur un total de 68 bâtiments :

  • 25 bâtiments subiraient une hauteur d’inondation supérieure à 0,75 m
  • Pour 34 bâtiments, la vitesse du courant est supérieure à 1,5 m/s
  • 42 bâtiments ont un niveau d’exposition égal à 2 (incapacité de fuite pour la population située à l’intérieur).
Préjudices humains

L’estimation des préjudices humains tient compte de la saison (été ou hiver) et du moment de la journée. La simulation indique des hauteurs d’inondation supérieures à 1,5 m et des vitesses de courant supérieure à 1 m/s dans le quartier de la Salis. Ce niveau d’agression ne permet pas aux personnes de résister à l’inondation (quartier de la Salis, les plages, les promenades, les parkings et les rues adjacentes les plus fréquentées) et affecte :

  • 2 000 et 4 000 personnes le 15 août, en milieu d’après-midi ;
  • 60 à 80 personnes, le 15 janvier, en milieu d’après-midi.
Dommages dans les ports

Dans le ville d'Antibes, on dénombre plusieurs ports de plaisance ou de pêche, avec un total d’environ 3000 places, et un taux d’occupation de plus de 90%.

La simulation amène à un endommagement estimé de 8,5 % des bateaux.

Le port le plus endommagé serait celui de la Salis, avec un risque de mise au sec des embarcations (soit un fort risque d’endommagement) autour du 50% de l’effectif.

Sur les autres communes

Un même scénario pourrait impacter plusieurs milliers de personnes. On estime toutefois que la durée totale où les plages sont très fréquentées représente environ 7 % sur le temps total de l’année.

Carte du niveau d’exposition de la population située à l’intérieur des bâtiments à Antibes, en cas de tsunami de type Nice 1979 © BRGM
Carte du niveau d’exposition de la population située à l’intérieur des bâtiments à Antibes, en cas de tsunami de type Nice 1979 © BRGM
Schéma du système d'alerte aux tsunamis © INGV
Schéma du système d'alerte aux tsunamis © INGV

Prévention du risque

L’urbanisation croissante du littoral est un facteur majorant du risque. En cas de survenance d’un tsunami de cette amplitude des scénarios plausibles, les dommages pourraient être considérables.

Dans le cadre de la prévention contre les tsunamis, l’Etat français a financé l’installation d’un système d’alerte aux tsunamis en Méditerranée occidentale. Le CENtre d'Alerte aux Tsunamis (CENALT) est opérationnel depuis juillet 2012 dans les locaux du CEA.

Ce système d'alerte s’appuie sur un système d’alerte basé sur des capteurs posés au fond de la mer qui détecte le passage d’une onde de tsunami. Le message sera transmis à terre par l’intermédiaire de bouées et satellites et l’alerte sera ainsi lancée; c’est ainsi que fonctionne déjà le système de l’océan pacifique.

Cependant la problématique des tsunamis du bassin méditerranéen occidentale est particulière : l’ampleur et la fréquence sont plus faibles que dans le Pacifique (ordre de grandeur sur la côte de l’ordre de 2 mètres), mais le temps de réaction nécessaire est beaucoup plus court (30 minutes au maximum).