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Observatoire Régional des Risques Majeurs en Provence-Alpes-Côte d'Azur

DPT 05 – Suivi du glissement du Pas de l'Ours (Parc Naturel du Queyras)

Le glissement du Pas de l’Ours est un mouvement post-glaciaire d’environ 30 ha et qui a marqué la morphologie de ce versant. Il est situé entre Aiguilles et Abriès-Ristolas sur le versant en rive droite du Guil.

Les éléments détaillés ci-dessous sont issus du diagnostic des risques naturels réalisé par le PNR du Queyras dans le cadre de la mise à jour de sa charte en 2020.

  • Premier glissement en 2014

En 2014 , une brutale réactivation a été constatée, d’abord par des chutes de blocs sur la route en pied de versant. Un examen des zones de départ a montré des décrochements très importants en partie sommitale (niche de décrochement).

Au bout de 4 mois, le glissement a commencé à affecter la route départementale avec des déformations rendant la moitié de la chaussée amont impraticable.

Des travaux provisoires ont été réalisés pour sécuriser les usagers et maintenir la route ouverte à la circulation le plus longtemps possible. Dans le même temps, une route de secours permettant une circulation (limitée en tonnage et gabarit) a été ouverte pour éviter un total isolement des villages en amont.

La route de secours est rapidement opérationnelle. Durant l’hiver 2018, les vitesses de déplacements deviennent préoccupantes et la route départementale est maintenue ouverte jusqu’à la fin des vacances de février. Le 13 mars 2018, la route est fermée à la circulation et la route de secours est mise en service avec un alternat toutes les heures.

Contrairement au glissement du Chambon, il n’y a donc pas eu de rupture complète de circulation dans la vallée, les habitants et acteurs socio-économiques ont toujours eu une solution pour rejoindre le fond de la vallée.

  • Second glissement en 2018

Le 24 mars 2018, sous la pression des matériaux accumulés, une brèche se fait jour dans les murs de bétons qui protégeaient la RD 947 des chutes de blocs, par ailleurs des mouvements sont enregistrés au sein du mur de soutènement (2cm par jour), des coulées de boue atteignent alors directement le Guil mais sans risque d’obstruction de ce dernier. Les 7 avril et 8 avril, le mur de protection érigé par le Département puis le mur de soutènement de la RD s’effondrent sur une trentaine de mètres. Le glissement continue à progresser vers le Guil, la route est définitivement perdue.

  • Perspectives et risques (depuis 2019)

Ainsi ce glissement de grande ampleur et qui s’est réactivé depuis peu fait peser tout au long du Guil deux risques majeurs :

  • une coupure des accès à la commune d’Abriès-Ristolas ;

  • une submersion très brutale de toutes les communes riveraines en aval du glissement.

Si le premier risque peut être écarté avec la construction de la nouvelle route dans le versant opposé malgré les instabilités dues au relief et à la géologie, le second risque demeure réel et préoccupant.

En effet ce glissement ne menace pas que la route et la desserte des communes en amont. S’il s’active encore brutalement, l’hypothèse qu’il obstrue la vallée du Guil doit être envisagée. Dans ce cas, le glissement créerait un barrage provisoire et entrainerait la formation d’un lac. Ce lac peut, comme dans d’autres situations comparables en zones de montagne, rompre brutalement et créer une vague avec submersion très brutale de toute la vallée et les communes en aval.

Le risque d’embâcle et de débâcle brutale a été étudié (RTM, 2017) et les pouvoirs publics ont mis en place un plan de secours ainsi qu’un système d’alerte pour identifier des points de repli quartier par quartier et prévenir et protéger la population. Les maires sont intervenus pour sensibiliser sa population à ce risque et mettre à jour les documents d’information et de gestion de crise (DICRIM, PCS). Depuis, tous les habitants sont informés et connaissent les comportements à adopter et les personnes-ressources à contacter en cas d’alerte.

Cet exemple illustre avec une particulière acuité les graves problématiques multi-risques qui peuvent peser sur un territoire de montagne et soulève la question de la résilience de ces territoires.

Même si les communes du Haut Guil n’ont pas connu de coupure de route, l’alternat et la limitation du gabarit ont modifié profondément les modes de vie et les habitudes de déplacement des populations locales et touristiques (CEREMA, 2020).

Les travaux eux-mêmes sont à l’origine de nuisances qui ont impacté directement le village d’Aiguilles et fermé le camping du Gouret, entrainant des impacts économiques non négligeables pour la commune. Le risque de submersion demeure et l’enjeu actuel est d’entretenir cette culture du risque, en l’absence d’activité visible mesurée du glissement depuis 2019. Ceci constitue une des missions du PNR du Queyras qui a développé depuis 2018 des outils d’information sur l’évènement géologique (plaquette, film, sorties terrain, conférences, jeu, projet de sentier d’interprétation….) pour informer les populations locales et touristiques sur l’évènement géologique.

Des travaux de recherche sont en cours pour comprendre la remise en mouvement de ce terrain. Des conditions climatiques « anormales » pourraient être un facteur explicatif : par exemple, fonte de plus en plus rapide et précoce de la neige en fin de saison hivernale, pluies extrêmes et abondantes, augmentation de la pression de l’eau dans les sols, variations de température… Dans un contexte de changement climatique, ces facteurs sont susceptibles de s’amplifier et donc de provoquer la remise en mouvement d’anciens terrains (AirClimat et GeographR, 2021).

 

Localisation du glissement du Pas de l’Ours (commune d’Aiguilles – Parc naturel régional du Queyras)
Situation générale du glissement du Pas de l’Ours (Source : © DREAL PACA)